La pétrification des Trolls de la Dette, par Makis Malafékas

Trolls_Tolkien

Et ils se dressent encore là à ce jour, tous seuls, à moins que les oiseaux ne perchent sur leur personne ; car vous le savez sans doute, les Trolls doivent se trouver sous terre avant l’aurore, ou ils retournent à la matière des montagnes dont ils sont sortis (…)[1].

Lecteur assidu de Tolkien lors de ma prime jeunesse, et de Bilbo le Hobbit en particulier, je me forçais tout naturellement à aller voir la dernière superproduction de Peter Jackson, sans me faire d’illusions quant au degré d’altération démystificatrice de l’œuvre originelle. Et, à l’exception du personnage du magicien Gandalf, toujours aussi bien cerné et interprété, l’approche conventionnelle des autres aspects du film est venue confirmer mon pressentiment initial.

Le mythe en soi néanmoins, comme tout mythe qui se respecte, a su à un moment précis transgresser la narration hypnotique et la froideur naturaliste du décor pour m’amener à voir autre chose, que je connaissais déjà. L’allégorie se mit en place instantanément devant mes yeux émerveillés, ces mêmes yeux qui, à peine une heure auparavant, à dix mètres de l’entrée du cinéma au centre-ville d’Athènes, avaient aperçu encore un attroupement chancelant de nouveaux pauvres en quête d’une issue salutaire au détriment des dernières veines intactes de leur corps. Lire la suite