L’article est extrait du numéro 39 de la revue Lignes, intitulé Le devenir grec de l’Europe néolibérale. Il a été publié aussi : http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/210213/les-populations-superflues. Ici on reprend son titre initial.
En Grèce, « forcée de fournir le portrait anticipé de ce à quoi vont devoir ressembler les sociétés occidentales, remaniées sous la férule du néolibéralisme déchaîné » se dessine « une nouvelle biopolitique de l’espèce », « chargée d’assainir le corps social de toutes les existences parasitaires ».
Depuis 2007 la crise sévit. Voici, d’emblée précisé, le noyau de notre thèse : ce qu’on peut lire en filigrane dans les descriptions et analyses savantes de la crise économique, c’est la mise en place, discrète mais décisive, par le néolibéralisme déchaîné, des prémisses d’une nouvelle biopolitique de l’espèce humaine.
La Grèce : un cas ou un paradigme ?
Commençons par la Grèce. Depuis près de trois ans la société grecque, lentement mais inéluctablement, se délite. Elle se délite sous l’onde de choc de politiques d’austérité d’une brutalité inédite dans l’histoire économique de l’Occident en période de paix. La grande crise de 1929 fait d’ores et déjà pâle figure devant les effets cumulés de la récession qui frappe la Grèce. La causalité sous-jacente à ce désastre, telle qu’elle est mise en récit par les experts et la presse internationale, est régulièrement identifiée à l’explosion de la dette souveraine et au tarissement des ressources budgétaires, suite à une gestion calamiteuse, irresponsablement menée par une classe dirigeante incompétente et compulsivement illustrée par de hauts faits de corruption. Lire la suite