« La Grèce, première colonie de la zone euro ». A qui le tour ?

Le nouveau plan de « sauvetage » de la Grèce imposé par la Troïka (UE, BCE, FMI) et adopté par les 2/3 du parlement grec contre la volonté populaire plonge le pays dans un chaos et une misère encore plus profonde. En instaurant l’état d’exception, dans lequel règne la menace de la faillite et l’abolition de tout indice de souveraineté du peuple, ce plan accorde aux banques le droit de vie et de mort sur le peuple grec. A ce propos, une des conditions préalables posées de la part des créanciers afin d’accorder ce nouveau prêt est la modification de la Constitution afin que le service de la dette devienne une priorité absolue et ce au détriment de tout autre paiement de l’Etat (salaires, retraites, services publics). La politique du choc et de l’effroi, qualifiée aussi de « torture de la goutte », a franchi une nouvelle étape et annonce de manière emblématique l’avenir de toute l’Europe.
Contrairement à la majorité des députés, la population du pays a inondé les rues pour crier « non » au chantage et pour connaître de nouveau la répression pour réponse.

Alors que les politiques d’austérité ne font qu’exploser la dette publique, on impose au peuple grec encore plus de mesures suicidaires :

– La réduction du SMIC de 22%, pour tomber à 450 euros par mois nets (586 bruts), contre 751 euros brut jusqu’alors ; Pour les jeunes, la réduction s’élève à 35%.
– L’abolition des conventions collectives, par branche et par métier, remplacées par de simples contrats individuels au niveau de l’entreprise.
– L’application rétroactive de toutes les réductions à partir de janvier 2012, des salaires, retraites et allocations chômage (qui passent de 461 euros/mois à 359, touchable uniquement pendant un an).
– La baisse de la retraite minimum à 392 euros/mois (contre 503 euros aujourd’hui).
– Le licenciement de 150.000 fonctionnaires de 2012-2015, dont 15.000 d’ici la fin 2012.
– L’abolition du statut du fonctionnaire.
– Le démantèlement de l’Etat social et la liquidation de toute la richesse du pays pour 50 milliards d’euros par la privatisation.

Ces mesures s’ajoutent à bien d’autres imposées et appliquées depuis plus de deux ans et qui ont eu comme seul aboutissement la baisse des salaires et des retraites, l’augmentation des impôts directs et indirects ainsi que l’explosion du chômage qui devient la réalité d’un nombre de plus en plus croissant des grec-que-s

Le peuple grec fait face à des phénomènes de misère et de pauvreté qu’il n’avait pas vécus depuis l’occupation. Le centre ville d’Athènes vit une véritable crise humanitaire, une personne sur dix se nourrit aux soupes populaires. Le ministre de l’éducation met en place la distribution de repas gratuits dans certaines écoles en réponse aux nombreux évanouissements d’élèves pour cause de malnutrition.

Le nouveau plan, destiné uniquement au remboursement des créanciers, va perpétuer le cycle infernal de la récession qui conduit tout droit à l’explosion du déficit public et au défaut de paiement, en premier lieu à l’égard de la population. Mais, dans le même temps, il constitue un modèle pour toute l’Europe, de mise en cause des institutions et des traditions démocratiques et d’application des politiques de baisse des salaires et des dépenses publiques à un moment critique où le nombre de pauvres ne cesse d’augmenter dans tous les pays, y compris en Allemagne.

Le Mécanisme de Stabilité, voté par la majorité de l’Assemblée Nationale en France, et le nouveau traité Européen qui l’accompagne non seulement menacent les acquis comme les conventions collectives, le SMIC et le droit des peuples de se gouverner, mais ils font aussi exploser l’égalité formelle, telle qu’elle a été inscrite dans les institutions européennes jusqu’alors, entre les différents pays. Les Financials Times brisent les premiers le tabou, en décrivant la Grèce en tant que la première colonie de la zone euro. Et ensuite, à qui le tour ? Le Portugal, l’Irlande, l’Espagne, l’Italie, la France ?

Si la Grèce est un laboratoire de l’austérité en Europe, les conclusions de cette « recherche » ne sont pas réservées à elle seule. Dans ce contexte, la solidarité à l’égard du peuple grec n’est pas une position à adopter à l’égard d’autrui, mais, avant tout, à l’égard de soi-même.

Faisons du printemps 2012 un nouveau printemps des peuples, arrêtons la catastrophe de notre présent et de notre avenir, en Europe et dans le monde.

Répondons aux stéréotypes nationalistes et racistes par la solidarité et la lutte commune des peuples.

13 réflexions au sujet de « « La Grèce, première colonie de la zone euro ». A qui le tour ? »

  1. Bonjour,

    j’ai découvert ce blog et votre initiative m’intéresse. Je voulais vous écrire un mail mais je n’ai pas trouvé d’adresse dans le blog.
    En effet, en ce moment je suis avec attention l’actualité sociale, politique et économique de la Grèce et j’aimerais être au courant de vos actions ou réunions éventuelles.
    Je vous laisse également le lien vers un article que j’ai écrit où j’analyse la situation actuelle en Grèce, au cas où ça vous intéresse: http://www.ccr4.org/L-offensive-semi-colonisatrice-de

    Si vous voulez vous pouvez m’envoyer un mail à philippe.alcoy@hotmail.com.

    Merci et à bientôt.

  2. Il faut faire confiance au peuple grec pour résister. Mais il faut aussi développer la solidarité internationale des autres peuples européens. La Troïka est bien un organe de colonisation ce qui montre exactement leur méthode, leur mépris des peuples et leur avidité de pouvoir. C’est une dictature financière qui se met en place. La dette est le marteau du colonialisme. La révolte n’est pas que nécessaire. Elle est question de survie.

    • d’accord , la colonisation des peuples annoncée par Naomie Klein ,dans son livre et du DVD tiré ,il est en effet temps que les peuples disent NON , ça suffit . ( La Stratégie du Choc )

  3. Ping : La Grèce, première colonie de la zone euro, à qui le tour ? | Pensée Libre

  4. Les solutions, pourtant évidentes sont dans « En finir avec les crises et le chômage » (Edilivre.com), à condition de rebattre monnaie. Techniquement simple à faire . Ce qui automatiquement consistera à sortir de la zone Euro. Ce ne sera pas la première fois dans l’Histoire qu’un traité, toujours circonstanciel sera rompu. L’Allemagne et les autres n’enverront pas la troupe. Je suis prêt à répondre à toutes les interrogations à ce sujet, notamment au catastrophisme annoncé par les Diafoirus de l’Economie. Amicalement Louis

  5. Merci pour cet article. Parlez nous aussi des actes de solidarités, afin que l’on puisse s’y accrocher, car le défaitisme est dangereux et nous mène tout droit dans les bras des extrêmes.

  6. Concernant toute dette souveraine, j’accuse les Etats de complicité criminelle avec les banques. En effet, rien ne les empêche de les effacer avec un simple jeu d’écriture. Les banques en compensation rentreraient les sommes dues dans la colonne de gauche (Actif) comme ayant été remboursée. C’est un faux en écriture certes mais sans conséquence : les banques qui ont en général peu de fonds propres en retrouvent aussitôt. Seul inconvénient pour elles, elles perdent les agi en cours. Ce qui est impossible à faire (juridiquement) dans la vie des entreprises et des particuliers (saisie de biens), est possible par un Etat. J’insiste, c’est comme un défaut, mais sans conséquence, puisque la somme est (fictivement) remboursée. J’insiste aussi sur le fait que toute comptabilité est purement conventionnelle. Les banques étrangères n’enverront pas la troupe pour saisir les biens. Ce qu’elles font actuellement sous la pression de la troïka. Tout dirigeant qui, comme en Grèce et autres pays européens se laissent dépouiller en installant un régime d’austérité, à cause des banques prêteuses devront en répondre un jour.

  7. Ping : Humeur de Loup du Mardi 5 Aout 2014: De l’impuissance Par Bruno Bertez | Le blog A Lupus un regard hagard sur Lécocomics et ses finances

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